10 Novembre 2021
Si la transparence sur les salaires des dirigeants de coopératives agricoles étaient obligatoire, les agriculteurs, totalement dépendants de ces coopératives, poussés à s'endetter toujours plus pour un salaire minime, se rebelleraient peut être contre le système !
Article de presse ci dessous :
Le salaire des dirigeants
de coopératives agricoles épinglé
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Ouest-FranceGuillaume LE DU.Publié le 29/10/2021 à 07h02
La Coordination rurale dénonce l’opacité des rémunérations des dirigeants de coopératives agricoles. Une mission parlementaire sur la transparence du modèle coopératif sera bientôt lancée.
« En Irlande, les rémunérations des dirigeants de coopératives sont connues de leurs adhérents. Pas en France. » Véronique Le Floc’h, vice-présidente de la Coordination rurale (CR), le deuxième syndicat agricole français, conteste cette opacité. « Une rémunération élevée ne poserait pas de problème si elle était donnée en toute transparence et que les résultats économiques de la coopérative étaient atteints… »
Seuls les groupes cotés en Bourse sont tenus de rendre publiques les rémunérations de leurs dirigeants. Ce n’est pas le cas des coopératives agricoles dont les conseils d’administration sont composés d’agriculteurs et les dirigeants, salariés. Selon une enquête récente du média en ligne Basta ! les salaires de certains directeurs généraux de Coops n’auraient pourtant rien à envier à ceux de leurs homologues des grandes entreprises « privées ».
En 2018, un sondage réalisé par le mouvement des cadres dirigeants de la coopération agricole (le Dirca) auprès de 150 personnes (dont 60 % de directeurs généraux) révélait que onze d’entre eux émargeaient à plus de 200 000 € par an, dont quatre à plus de 250 000 € et un à près de 350 000 €. Le plus élevé ? Un ancien directeur général d’une coopérative bretonne « qui touchait au moment de son départ en retraite, en 2010, 950 000 € par an, soit 80 000 € mensuels, hors frais et bonus », rapporte le site d’information en ligne, classé politiquement à gauche.
Les montants sont bien gardés. Pour ne pas froisser des agriculteurs dont la moyenne des rémunérations n’atteint que 1 730 € selon l’Institut national de la statistique (Insee) ? Lors des assemblées générales, les bilans sociaux ne présentent que la masse salariale globale.
« En France, la rémunération des salariés relève de leur vie privée qui est protégée, souligne Marine Nossereau, directrice des affaires juridiques et fiscales de la Coopération agricole. Le recrutement et la rémunération du directeur relèvent de la responsabilité du conseil d’administration, qui peut déléguer cette tâche à un comité des rémunérations ou, s’il n’en existe pas, à un comité « ad hoc », composés d’agriculteurs élus dont le président et des représentants du service RH (ressources humaines) mais le conseil d’administration doit valider la décision finale. »
Un accord paritaire national du 21 octobre 1975 (APN) fixe, sur la base du volontariat, les salaires des cadres dirigeants. « C’est un modèle de contrat de travail », précise Corinne Lelong, directrice des affaires sociales de la Coopération agricole. Une classification a été mise en place (quinze niveaux différents) en fonction du chiffre d’affaires de la coopérative, du nombre de salariés et de l’étendue des responsabilités. « Ces rémunérations s’échelonnent de 45 000 à 280 000 euros par an. Avec une moyenne qui va de 80 à 110 000 €. » Mais toutes les coopératives agricoles n’y ont pas recours. Notamment les plus importantes.
« Pourquoi tant de silence ? », interroge Véronique Le Floc’h. La syndicaliste, éleveuse laitière dans le Finistère, critique la multiplication des filiales et structures sociétaires gérées par les directeurs généraux (DG) de coopérative. Ce système de poupées russes (jusqu’à vingt-cinq structures gérées par un DG !) est accusé d’offrir des compléments de rémunération. Une opacité également dénoncée par la Confédération paysanne. « Les coopérateurs n’ont pas accès à ces informations », déplore Mathieu Dauvergne, membre du comité national de la Conf’, en charge du projet coopératif.
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Du côté de la CR, on souhaite évoquer ces sujets à l’occasion de la mission d’information parlementaire sur la transparence de l’information dans les coopératives agricoles qui, après retard, devrait être lancée en novembre.