Les fortes marées et la diversité morphologique des côtes bretonnes ont permis à une faune et une flore remarquable de se développer sur le littoral, aussi bien sur la partie marine que terrestre. La Bretagne est une terre d’accueil pour les oiseaux côtiers de France mais également pour les mammifères marins, les invertébrés et de nombreuses espèces de fleurs. La plupart de ces espèces sont aujourd’hui menacées par les activités humaines et l’érosion côtière.
Les fortes marées, caractéristiques de la Bretagne, offrent un paysage renouvelé plusieurs fois par jour. À marée basse, la mer se retire parfois sur plusieurs kilomètres, laissant apparaître d’immenses estrans. Les limicoles, ces petits échassiers vivant dans les zones humides, profitent de ces espaces dégagés pour se nourrir dans la vase, à la recherche de vers et de crustacés. Ils font partis des espèces d’oiseaux hivernants emblématiques du littoral breton, avec les anatidés (oies, canards, cygnes, etc.), qu’il est possible d’observer dans les zones maritimes du bord de mer (baies, estuaires, lagunes). En tout, 33 espèces de limicoles et d’anatidés cohabitent sur le littoral armoricain. Ces oiseaux viennent s’abriter des froids polaires sur le littoral breton pendant l’hiver, et repartent vers la toundra des pays nordiques en été. La Bretagne est une station de repos et de transit majeure sur leur route migratoire. Une dizaine de sites accueillent au moins 1 % de l’effectif européen d’une ou plusieurs espèces et sont d’importance internationale. C’est notamment le cas de la baie de Quiberon, l’estuaire du Trieux-Jaudy ou encore la baie du Mont-Saint-Michel.
D’autres oiseaux battent des ailes à la jonction entre terre et mer. Les falaises, îles et îlots bretons accueillent 61 % de la population métropolitaine d’oiseaux marins nicheurs, tels que le macareux moine ou le pingouin torda, qui bâtissent leur nid dans les crevasses de la roche. La Bretagne compte en effet plus d’un millier d’îles et d’îlots aux formes et tailles variées, soit près de 70 % des entités insulaires métropolitaines ! Majoritairement inhabités, ces territoires insulaires sont remarquables pour leur faune. L’atlas régional des oiseaux marins nicheurs répertorie 17 espèces trouvant refuge sur les côtes rocheuses bretonnes. Parmi elles, quatre ne se reproduisent qu’en Bretagne : le fou de Bassan, le pingouin torda, le guillemot de Troïl et le macareux moine. L'archipel des Sept-Îles, situé dans les Côtes-d’Armor, constitue la plus grande réserve d'oiseaux marins de France. Une douzaine d’espèces y nichent, notamment une importante colonie de fous de Bassan, le plus gros des oiseaux de mer d’Europe.
Datavisualisation des effectifs annuels et répartition des limicoles et anatidés hivernants en Bretagne.
Datavisualisation de l'évolution des effectifs décennaux des oiseaux marins nicheurs de Bretagne depuis 1969-1970.
Le numéro sur les oiseaux marins nicheurs en Bretagne, de la collection " Les dossiers de l'environnement en Bretagne", éditée par l'Observatoire de l'environnement en Bretagne.
La situation géographique particulière de la région, qui s’avance dans le domaine océanique Atlantique et marque l’entrée de la Manche, amène de nombreux mammifères marins à fréquenter les abords de la Bretagne. Presque toutes les espèces de mammifères marins répertoriées en France y ont été observées au moins une fois. Trois espèces se reproduisent toute l’année dans les baies et archipels des côtes bretonnes : le marsouin commun, le grand dauphin et le phoque gris. La majorité de ces animaux sont observés sur les côtes du Finistère. L’archipel de Molène et celui des Sept-Îles hébergent notamment d’importantes colonies de phoques gris, de plusieurs centaines individus. D’autres espèces visitent la région chaque année de manière saisonnière ou occasionnelle, dans le but de s’alimenter ou de mettre bas. C’est par exemple le cas du dauphin de Risso, du dauphin commun, ou encore du petit rorqual, des cétacés vivant dans le golfe de Gascogne et en mer d'lroise.
Dauphins, phoques ou baleines s’échouent régulièrement sur les côtes bretonnes. Ils sont généralement victimes des tempêtes hivernales ou des activités humaines (pollution des eaux, ingestion de déchets plastiques, trafic maritime). Depuis les années 1970, quelques milliers d’échouages de cétacés et pinnipèdes (otaries, phoques) ont été signalés en Bretagne. Les premières études scientifiques sur les mammifères marins ont débuté par la récolte d'informations sur ces animaux échoués. Les données recueillies apportent des renseignements de base sur la distribution des espèces. La date et le lieu d'échouage sont enregistrés puis, dans la mesure du possible, les biologistes déterminent l'espèce, le sexe et la taille de l'animal. Lorsque la mort est récente, une autopsie peut permettre d'en identifier les causes et d'effectuer des prélèvements pour des études sur la biologie, la pathologie ou la génétique des animaux. Cette technique peu onéreuse est toujours employée et fournit de précieuses informations sur les espèces abordant les côtes bretonnes.
L’aquarium Océanopolis vous indique les bons gestes pour signaler la présence d’un mammifère ou d’un oiseau échoué.
En marchant sur les plages du littoral breton, on remarque parfois d’étranges rochers parsemés de petits tubes, ressemblant à des récifs coralliens. Il s’agit de la partie émergée de l’habitat des hermelles. Ces petits vers marins fabriquent leur maison tubulaire avec du sable et des fragments de coquillages. La plus grande de ces bioconstructions est située en baie du Mont-Saint-Michel. L’hermelle est loin d’être la seule petite bête tapis en bord de mer. En fait, on estime qu’entre 3 000 et 5 000 espèces marines d’invertébrés peuplent les estrans bretons (jusqu’à 20 mètres de fond) ! Ils sont cachés dans le sable, les roches ou les algues. Il peut s’agir de crustacés (crevettes, écrevisses, crabes etc.), de mollusques (bulots, bigorneaux, moules, seiches etc.), d’anémones ou encore d’étoiles de mer. La plupart de ces animaux ont la particularité de pouvoir vivre à la fois sous l’eau, à l’air libre et de supporter les extrêmes de températures journaliers et la salinité des cuvettes d’estrans. Leur diversité est telle qu’il est possible de trouver une centaine d’espèces sur quelques mètres carrés seulement.
Les côtes rocheuses permettent également l'installation de plus de 600 espèces d'algues (classées en brunes, rouges et vertes) dans la région, qui servent de nourriture et d’abris à de nombreux animaux. Cette diversité algale est doublée d’une forte densité notamment avec de grandes forêts sous-marines d’algues brunes, appelées laminaires. Celles-ci colonisent la frange côtière de quelques mètres au-dessus du zéro des cartes marines jusqu’à plus de 30 mètres de profondeur.
L’atlas de la faune marine invertébrée du golfe Normano-Breton référence plus de 2 000 espèces d’invertébrés marins benthiques.
L’important découpage des côtes bretonnes se traduit par la présence de paysages littoraux très diversifiés : on y trouve des plages sableuses de petite taille, encastrées entre des pointes rocheuses, des marais maritimes (baie du Mont-Saint-Michel, golfe du Morbihan), des dunes (baie d'Audierne, Gâvres-Quiberon), des flèches ainsi que des cordons de sable et de galets (sillon de Talbert), mais également des estuaires et des abers. Cette diversité géomorphologique a permis à de nombreuses espèces de fleurs de s’installer sur la côte. Certaines, tel le petit statice ou le narcisse des Glénan, sont uniques en France. Les embruns et les vents parfois violents de la mer conduisent les plantes à adopter des formes originales marquant fortement les paysages, comme la végétation rase de bruyères et d’ajoncs aux couleurs mauves et dorées des landes, ou bien les terres basses vaseuses des marais maritimes, soumises au rythme des marées. Ces écosystèmes sont marqués par la proximité de la mer. Ils accueillent une végétation spécialisée, adaptée à ce milieu rude et salin. Le port « prostré » des plantes (couché sur le sol) indique par exemple une adaptation au vent tandis que des feuilles charnues et grasses témoignent d’une résistance au sel.
Les espèces inféodées aux milieux marins côtiers sont les plus sensibles à la présence humaine et aux changements rapides de l’environnement et du climat. Ainsi, beaucoup d’espèces vivant en milieu maritime sont aujourd’hui menacées de disparition.
La forte pression exercée par la population humaine sur le littoral est la cause principale de la diminution des espèces (construction, pêche, tourisme). Le recul naturel du trait de côte lié à l’érosion et l’élévation du niveau de la mer sont des facteurs aggravants qui seront de plus en plus présents dans les décennies à venir. Environ 35 % des espaces naturels remarquables protégés des communes littorales sont situés en zones basses. Une élévation pérenne du niveau de la mer les menacerait directement de submersion, provoquant la disparition progressive de la faune et la flore adaptée à ces milieux littoraux.