9 Septembre 2019
C’est fascinant, une facture EDF : belle comme une page de Verlaine, elle contient presque autant de lignes qu’un sonnet de Ronsard.
À la base, le gros monopole d’État vend des kilowatts/heure et le client, tous les deux mois, paye ce qu’il a consommé.
Exactement comme chez le boucher : je choisis une escalope, il la pèse, je paye le prix affiché et je repars avec une «facture» (en réalité un ticket qui ne comporte qu’une seule ligne pour le produit + la TVA et le total). C’est simple et de bon goût (si le boucher est bon) !
Alors, pourquoi la facture EDF est-elle si copieuse ?
On y trouve tout naturellement le prix du produit acheté : le kilowatt/heure (soit 9,09 euros pour 100 kWh, qui passera à 9,32 euros après l’augmentation estivale de 2,5 %). Jusque-là, rien que de très normal, sauf que, notez bien ce qui est indiqué en fin de rubrique : « Total Consommation dont acheminement » (voir plus loin).
Les gâteries viennent immédiatement après :
D’abord, EDF facture un abonnement !
On se demande bien pourquoi ! Lorsque j’achète l’escalope, je ne suis abonné à rien : j’ai, en face de moi, un commerçant qui vend ce dont j’ai besoin, nous faisons affaire et c’est tout. Mais avec EDF, même en quasi-monopole, il faut s’abonner !
Et ce n’est pas négligeable : 11,34 euros par mois, soit 136 euros par an (depuis août 2011, l’abonnement a augmenté de 22 %).
Nota : dans cette rubrique est indiqué : «Total Abonnement dont acheminement (voir plus loin).
Puis, viennent les taxes !
Ah ! Les taxes : le mal français…
Oh, pardon : une seule taxe et deux « contributions » (la contribution, c’est plus sympa, ça fait plus «social» ; pour un peu, on serait heureux de s’en acquitter, alors que la «taxe»… beurk !)
Cela commence par la TCFE, la taxe sur la consommation finale d’électricité.
C’est quoi, la consommation finale ? Y a-t-il une consommation initiale? Est-ce parce que nous ne consommons pas sur place, chez le marchand (EDF) mais chez nous ? mais non puisque nous payons l’acheminement par ailleurs…
Personne ne sait pourquoi cette taxe existe, même pas EDF, qui se borne à dire que ce prélèvement est reversé aux collectivités territoriales et à l’État (qui détient pourtant 84,5 % du capital du mastodonte).
Depuis août 2011, elle a augmenté de 16 %, soit 4 % par an.
Arrive ensuite la merveilleuse CSPE, la contribution au service public d’électricité.
Moi qui croyais ingénument que je contribuais à ce service en me contentant d’acheter du courant électrique !
Eh bien non : en fait, cette CSPE sert, entre autres, à compenser le coût exorbitant auquel EDF s’est engagé à acheter l’électricité des petits malins qui se sont équipés de photovoltaïques ou d’éolien et surtout des consortiums internationaux qui se bousculent pour venir installer des éoliennes sur notre territoire (du calme les gars, il y en aura pour tout le monde !).
En août 2011, elle était de 9 % du coût de la consommation ; elle en pèse aujourd’hui 21,5 %. À ce rythme, elle représentera la moitié de notre facture dans trois ans.
Puis vient enfin, toute menue, toute discrète, la CTAE, contribution tarifaire d’acheminement électrique, c’est son nom, mais contrairement à ce que celui-ci pourrait laisser croire elle ne sert absolument pas à payer le transport d’électricité puisque celui-ci est déjà inclus dans les rubriques précédentes (voir ci-dessus : abonnement et consommation), non, cette curieuse petite taxe (pardon, contribution !) a été mise en place par l’Etat français en 2004 pour financer le très généreux régime spécial des retraites d’EDF !
Il faut rappeler que les personnels d’EDF ne payent déjà pas leur électricité et que, de plus, ils bénéficient d’un Comité d’Entreprise majestueux financé à hauteur de 1% du montant des ventes totales annuelles d’électricité. A noter que l’obligation légale pour les entreprises de plus de 50 salariés est de 0,2 % de la masse salariale brute. Avantages exorbitants dont la charge revient aux consommateurs d’électricité (au fait, c’est de nous qu’il s’agit !)
• sur la consommation, au prix fort de 20 % : ça, on peut comprendre,
• sur l’abonnement (qui n’a pas lieu d’être) à 5,5%, ça se discute, pour le moins,
• mais également sur les taxes : double peine pour les consommateurs !
(Source : Site Fréhel Environnement)