2 Juin 2020
Lettre envoyée par un de nos adhérents actif :
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 PARIS
Monsieur le Président de la République,
Géomètre-Expert à présent retraité, j’ai dans le cadre de l’exercice de ma profession, réalisé au début des années 2000 l’étude d’impact du projet des deux premières éoliennes implantées en Lozère à Chaudeyrac. Les éoliennes, de hauteur modeste (73 m) ne présentaient pas d’impacts importants sur l’environnement et n’ont pas fait l’objet de fortes contestations. J’étais séduit, par cette technique de production électrique, à priori soucieuse de l’environnement.
Débutant en France à l’époque, l’éolien est passé maintenant à une dimension industrielle, créant ainsi de multiples problèmes liés à son impact inévitable sur son environnement et à son véritable intérêt économique pour la communauté, beaucoup mieux appréciés maintenant.
Une multitude de voix s’élève, provenant de milieux divers, de personnalités reconnues et compétentes parmi les plus écoutées dans notre pays, pour contester les intérêts environnementaux et économiques de la filière éolienne et demander son arrêt.
Aspects environnementaux :
Que ce soit pour l’intégration paysagère d’éoliennes pouvant atteindre une hauteur de 210 m comme pour le bilan carbone de ces constructions gigantesques, le constat est maintenant clairement accablant.
- Notre pays est magnifique, je l’affirme, en comparaison de beaucoup d’autres que j’ai eu la chance de sillonner, le parsemer d’éoliennes est une décision lourde de conséquences. Prenons en exemples négatifs ces forêts d’éoliennes plantées sur les côtes françaises, espagnoles et grecques qui les défigurent pour longtemps.
- Le bilan carbone total des éoliennes est négatif si l’on tient compte de leur construction, de leur exploitation et de leur démantèlement.
- Les éoliennes ne fonctionnent que lorsqu’il y a du vent. Comme sa production électrique ne se stocke pas, la filière n’empêchera pas la réalisation de centrales au fuel, au charbon ou au gaz, lesquelles rejettent beaucoup de CO2.
« Les éoliennes ne sont qu’un moyen d’éviter, quand le vent souffle, l’utilisation d’un autre moyen de production ». (J M. JANCOVICI)
Aspects économiques :
- Les éoliennes sont en très grande partie construites à l’étranger (Espagne, Allemagne, Norvège), contrairement aux promesses électoralistes et ne font pas tourner l’industrie française à l’exception des pales et du béton des socles des éoliennes terrestres …!
- Les éoliennes représenteront au mieux 10% de notre production électrique (actuellement 4,5%) dont le seul coût devrait impacter notre facture d’électricité d’un pourcentage allant augmentant au fur et à mesure de leurs installations, jusqu’à 100 % comme en Allemagne. Actuellement notre électricité d’origine nucléaire, est l’une des moins chères et des moins polluantes du monde.
- La filière éolienne est fortement subventionnée par l’Etat qui s’est engagé sur un prix d’achat du kWh éolien très élevé. Le cumul de ces aides pourrait dépasser les 100 milliards d’euros payés par le contribuable, bien entendu. Cette somme pourrait permettre des économies d’énergie bien supérieures à la production espérée de la filière.
- Les promoteurs des parcs éoliens, dégagent leurs responsabilités qu’ils reportent sur l’Etat dans le cas de mauvaises appréciations des impacts de toutes natures (visuels, sonores, faune, avifaune, etc…) qui apparaîtraient après la mise en service des éoliennes et leurs conséquences. Gageons qu’il y en aura, surtout pour l’éolien offshore, l’Etat les prendra-t-il en charge…!?
- Les impacts sur l’industrie de la pêche côtière occasionnés par le bruit lors de la construction et de l’exploitation des parcs éoliens offshores, par le déplacement des sables et surtout par l’emprise de la concession diminuant d’autant les zones de pêche auront de très lourdes conséquences sur la filière pêche. C’est le cas dans la baie de Saint-Brieuc où l’armement de multiples bateaux est menacé par le projet d’implantation de 62 éoliennes offshores (75km2 d’emprise) avec la perte de plusieurs centaines d’emplois directs et indirects non compensés, qui déstabiliseront profondément et durablement la région concernée.
C’est inacceptable au regard de la gestion exemplaire de la coquille Saint Jacques dans cette baie par les autorités et les pêcheurs, qui a permis la pérennisation de la ressource. Il est incompréhensible de sacrifier autant d’emplois au seul bénéfice d’entreprises étrangères dont le seul but est le profit.
- Les éoliennes ont une espérance de vie d’une vingtaine d’années (surtout les éoliennes offshores). Qui sera chargé de leur démantèlement (extrêmement coûteux) et de leur recyclage ? Aux Etats Unis, 14 000 éoliennes hors d’état sont à l’abandon et rouillent sur place faute d’argent, offrant un spectacle de désolation.
Pour toutes ces principales raisons économiques et environnementales, dans l’intérêt premier du pays, il paraît absolument nécessaire de mettre un coup d’arrêt à cette filière, peut-être tentante mais extrêmement coûteuse, inutile et n’ayant d’intérêt que pour le lobby qui le propose et en retire les bénéfices.
En tant que Chef de l’Etat, vous vous honoreriez et feriez preuve d’un grand pragmatisme en même temps que de courage en mettant un terme à l’extension des éoliennes terrestres et offshores menée par des industriels sans scrupules agissant à «l’insu du plein gré» de personnalités ou associations environnementales qui militent (mais pour combien de temps encore) pour cette filière.
Le Chef de l’Etat se doit de diriger la France en bon père de famille, soucieux de l’intérêt des français et de leur portefeuille ; ses erreurs de gestion ou celles de ses prédécesseurs, (il peut y en avoir forcément), doivent être corrigées dans la mesure du possible ; des recours pour cela sont encore en cours d’instruction et leurs résultats pourraient aider vos décisions.
« L’erreur est humaine, persévérer est diabolique »
Modestement j’ai associé ma voix à toutes celles qui veulent se faire entendre et qui s’expriment au nom du bon sens pour arrêter la gabegie de la filière éolienne en France.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.