6 Septembre 2022
Mois d’août, mois du doux ou mois du doute
pour Erquy Plurien Environnement (EPE) ?
Ni l’un ni l’autre, bien au contraire. Ce fut le mois de la présence sur le terrain, de la rigueur, de l’approfondissement de nos missions et de l’action pour l’association et ses membres.
D’abord, avec la tenue de l’assemblée générale. Cette année ce fut à Erquy pour respecter la parité inscrite dans notre patronyme, après l’assemblée générale de la fusion en 2020 à Erquy et celle du premier bilan à Plurien en 2021. L’association a fait de ces années Covid des années de mobilisation de tous les outils de travail adaptés à la situation : réunions en distanciel ou mixtes, mise en place du site internet avec son blog abondamment approvisionné et largement consulté, surveillance des informations pertinentes et adhésions à des réseaux ayant les mêmes objectifs.
L’assemblée générale 2022 a été suivie par un grand nombre d’adhérents et animée par chaque membre du conseil d’administration apportant chacun ses talents et ses convictions propres. Une assemblée sereine et participative où nous n’avons pas eu la présence des maires, mais une réponse de notre ancienne présidente pour Erquy maintenant aux manettes décisionnelles.
Dans ses réponses sans langue de bois aux questions posées, Mme Allain a partagé sa détermination face aux rudes enjeux environnementaux. Elle nous a fait part également du besoin croissant de participation d’EPE aux remontées d’information (poubelles, nettoyage des sites touristiques, entretien des espaces boisés…) et aux instances communales débattant des grandes orientations et des projets.
L’assemblée générale a vu arriver des compétences et des motivations nouvelles au sein du bureau. Ce fut l’occasion de rendre hommage à l’excellent travail réalisé par notre coprésidente réginéenne par intérim, Virginia Dagorne, et de procéder à la formation d’un nouveau tandem à la coprésidence : Béatrice Prandi pour Plurien et Patrice Barbaud pour Erquy.
Mois d’août pas si doux que cela, car marqué par une agression délibérée de la côte et des résidents et vacanciers à Caroual. Les travaux de pose des câbles en mer ont repris à la veille de la trêve du 15 août. Alertée à 9 heures le samedi matin du 13 août par un membre d’EPE des nuisances nocturnes de l’armada RTE, la mairie a réagi dès 10 heures en appelant à une manifestation sur le site du chantier terrestre de RTE. A 11 heures, plusieurs membres du C.A. et d’adhérents d’EPE étaient sur place en soutien au maire et à plusieurs de ses conseillers municipaux. La réaction devait être prévue dans les plans de crise de RTE car la porte-parole de RTE, assistée d’un huissier de justice était sur place. Plutôt que porte-parole il faudrait plutôt dire « tourne-disque ». Aux accusations portées par la mairie et de nombreux riverains, membres de l’éco-quartier de Caroual ou usagers de la mer, la réponse était inexorablement et en boucle : « les autorités -préfet maritime, préfet des côtes d’Armor, ministère du travail - ont délivré les autorisations nécessaires », toutes exceptionnelles comme par enchantement. Un chantier d’une telle ampleur ne pouvait se tenir qu’un week-end pour d’obscures raisons de météo et de marée. Les locaux provisoires de RTE ressemblaient plus à des loges VIP du stade de France : nombreux spectateurs aux verrières, service d’ordre musclé, gendarmerie. Avec une p’tite différence : les invités d’honneur se permettaient d’insulter le public alors que ceux qui travaillaient vraiment (les personnels à bord des câbliers et de leurs annexes) n’avaient pas droit au champagne et aux petits fours. Pour eux, non concernés par les conventions sociales d’exception passées entre la direction du travail et les syndicats de RTE, pas de salaires doublés pour travail en week-end ou jours fériés, ni de RTT. Ils dépendent pour la plupart du droit social maritime de leurs employeurs scandinaves ou extra-européens. Un des bateaux battait même pavillon des îles Caïmans. Joli saurien, bien emblématique de son donneur d’ordre, la multinationale basée en Espagne : Iberdrola, actionnaire unique de l’usine d’exploitation des vents et fonds marins de la baie de Saint-Brieuc. Mêmes dents acérées et pattes crochues que notre saurien, pour cette entreprise sans éthique ni moralité, mise en examen dans le monde entier pour corruption et qui vient de rompre unilatéralement son demi-million de contrats de fourniture d’électricité avec ses clients français.
Dans la foulée de cette manifestation le maire prenait le jour même un arrêté d’interdiction des travaux pendant ce week-end du 15 août valable dans le territoire communal et les 300 m de bande littorale dépendant de sa juridiction. Résultat immédiat : arrêt des travaux de nuit y compris en mer puis arrêt total du chantier pour cause de panne du câblier. Un autre super-câblier appelé ensuite à la rescousse a, lui aussi, jeté l’éponge et est rapidement reparti pour l’Écosse, plus compréhensive certainement que la Côte de Penthièvre pour accueillir toutes les nuisances environnementales.
Il fallait attendre la fin du mois d’août pour lever le dernier doute sur la vigilance et la pugnacité de notre association. Un châtaignier plus que centenaire, sujet co-lauréat de notre concours photos et voué à l’abattage, a piqué au vif notre ADN de défenseur de l’environnement. Ce châtaignier vivait heureux auprès du chemin de la sente du Paradis et donnait son fruit et son ombre au passant ! Hélas, son habitat était aussi un des trois derniers grands terrains « verts » d’Erquy, donnant sur le port et la mer, près du cœur de ville et de son clocher. Un promoteur local a obtenu en 2020 la possibilité de lotir sans contrepartie environnementale : destruction des haies bocagères, de rangées de fruitiers et de cet arbre remarquable mais oublié des municipalités précédentes et du PLU en vigueur. Seule une rangée d’arbres longeant la rue de la Chapelle y est protégée. Pour combien de temps encore ? Là encore, une action, décidée en conseil d’administration d’août à l’unanimité, a permis de réunir, dans l’urgence et en fin de semaine, le samedi 27 août à l’heure de la sieste, près de 70 personnes. Réunion de sensibilisation et de dialogue autour d’un témoin vivant et solide de la diversité écologique et de la fonction essentielle des plantes : nourrir, embellir et actuellement sauver notre planète de la frilosité humaine face à la surconsommation d’énergies fossiles accumulées par ces plantes pendant des milliards d’années.
À cette réunion ont participé des représentants de tous les acteurs essentiels pour la conservation et le renouvellement de notre patrimoine naturel exceptionnel. Les habitants proches ou lointains, mais aussi les clubs de randonnées, de photos, les animateurs du patrimoine, les gardiens de mémoire, les professionnels de l’arbre et du vivant... Bien sûr, la mairie était présente, toujours grâce à Mme Allain qui a répondu à toutes les questions car la volonté de dialogue est forte. Cependant, devant les enjeux environnementaux rudes et complexes, les moyens humains, financiers et juridiques municipaux restent modestes. C’est pourquoi, un appel est fait à EPE pour dresser l’inventaire des arbres et sites arborés remarquables. C’est une tâche essentielle pour participer de façon constructive au comité de pilotage de la révision du PLU dont nous sommes membres de droit. Les situations des adhérents et leurs attentes vis-à-vis des deux communes sont variés mais la force de proposition et d’inflexion des politiques municipales de près de trois cents personnes réunies sous une même bannière est incontournable.
Pour en terminer sur ce mois d’août qui marque un tournant dans la prise de conscience d’une urgence climatique gravissime, un chiffre : 20 %. Vingt pour cent des françaises et français qui rejoignent en un an les 60 % de nos compatriotes déjà convaincus que seule une conversion réelle de notre mode de vie peut nous éviter la catastrophe écologique inéluctable à court terme.
Nous avons encore du travail devant nous pour expliquer et convaincre les derniers 20 % de nous rejoindre. Ce sera dur, mais avec la détermination et l’amitié qui nous unit, n’ayons aucun doute d’y arriver là où nous sommes, à notre mesure.
Patrick Scholtz, pour le conseil d’administration.